La république ne connaît pas le long terme

Dans le Figaro du 4/03/2019, le patron de PSA Carlos Tavares critique vertement les décideurs européens car, selon lui, il leur manque « un pilotage stratégique ». Il cite à ce propos plusieurs exemples. Ainsi, dit-il, « la décision du Parlement européen est un diktat qui exige une réduction de 40% des émissions de CO2 quand les constructeurs plaidaient pour 20% ».
La conséquence immédiate ne s’est pas fait attendre : « depuis deux mois, l’industrie automobile européenne a annoncé la suppression de plus de 20 000 postes ». Et il ajoute : « Très bien ! Les entreprises s’adapteront. Mais cela met en péril les 13 millions de personnes qui travaillent dans notre industrie et cela déstabilisera très certainement nos sociétés européennes ».
Ensuite Carlos Tavares aborde  la question de la voiture électrique. Je ne suis pas contre la voiture électrique, dit-il, « mais il faut penser à la production de l’énergie propre qui propulsera les véhicules, l’empreinte carbone de la production et du recyclage des batteries, les conditions d’extraction des terres rares qu’elles contiennent, le dimensionnement du réseau de chargement, le devenir des 414 milliards de recettes fiscales eu Europe sur les carburants… Comment les Etats, exsangues, au bout de leurs capacités d’endettement, de déficit et de pression fiscale, trouveront-ils l’argent pour financer les réseaux de chargement ? ».

On croirait des débutants incapables de voir les conséquences de leurs décisions

Comment se fait-il que nous en soyons arrivés là ? Ce n’est même plus un problème d’Europe, puisqu’il en va de même au niveau des politiques nationales. Ainsi les Etats occidentaux développent les énergies renouvelables, avant tout pour plaire à leurs électeurs, sans étude approfondie, en amont et en aval, de leurs coûts réels.
Il y a deux raisons principales d’un tel fonctionnement : la démagogie et la multiplicité des centres de décision. Tous les décideurs nationaux sont, d’une manière directe ou indirecte, soumis au processus électoral, ce qui les pousse à la démagogie. Quant aux décisions prises au niveau d’une instance européenne, leurs responsables ne sont certes pas menacés par une non réélection, mais sont par contre enfermés dans une spécialisation qui les empêche d’avoir une vue d’ensemble, ce qui n’est d’ailleurs pas dans leur culture.
Rien qu’au niveau des entreprises, il faut la consultation d’une dizaine de personnes pour qu’une décision d’investissement soit prise. A fortiori, au niveau européen, il ne peut en être autrement. Mais il faut un arbitre pour coordonner tous les points de vue, lequel doit avoir la compétence pour voir le problème dans son ensemble. En principe, c’est le rôle de la Commission européenne, mais force est de constater que cela ne fonctionne pas.
Prenons, dans un autre domaine, l’exemple du refus, par Bruxelles, de la fusion entre ALSTOM et SIEMENS. Ce n’est que la stricte application des articles 101 et 102 du TFUE (Traité de fonctionnement de l’UE) qui interdit la création de « champions européens ». C’est vraiment se tirer une balle dans le pied ! On reste sidéré par le fait que personne n’a vu le piège. Ni l’auteur du traité, ni les députés qui l’ont adopté. Encore une fois, l’absence d’un arbitre compétent qui permettrait de sortir de telles ornières. Mais cela sous-entend une réflexion à long terme, ce qui est en contradiction avec des institutions ne sachant raisonner qu’en fonction de considérations financières et encore, à courte vue !
De telles erreurs ne seraient pas commises – ou tout au moins on saurait les corriger – si le pouvoir avait comme référence principale l’humain et non l’argent. Mais cela ne peut être un régime républicain qui, par essence, a voulu construire une société sans Dieu. Donc une société basée sur le dieu-argent.

Pour une Europe des Etats chrétiens !

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