La démocratie est une utopie
Quand on voit ce qui se passe à l’Assemblée Nationale aujourd’hui, la preuve du caractère utopique de la démocratie saute aux yeux. Nous avons en effet devant nous une Assemblée divisée en trois groupes ayant des vues totalement opposées : 1) la macronie qui ne jure que par sa soumission aux forces mondialistes ; 2) les forces de gauche, dans lesquelles il faut inclure le RN, qui rêvent de réformer le socialisme dans lequel nous sommes déjà depuis plusieurs décennies ; 3) LFI, qui a remplacé sans s’émouvoir le concept marxiste de dictature du prolétariat par la dictature de l’islam.
Mais si on remonte un peu dans l’histoire, cela ne va guère mieux. En 2016, Robert Meynard eut l’excellente idée de réunir dans sa ville de Béziers, pendant deux jours, toutes les tendances de la droite. Près de deux mille personnes se sont déplacées. Ce fut un réel succès car il y avait là un très large panel représentant sans doute toutes les sensibilités.
A l’issue de ces deux jours, tous les participants furent invités à se réunir en assemblée générale, de manière à s’exprimer sur les comptes-rendus des divers groupes de travail qui avaient été constitués. Y participèrent de l’ordre de 500 personnes. Il en résulta un programme de 51 points, qui furent discutés et votés un à un, avec correction éventuelle de manière à obtenir un consensus. Une fois cela fait, chacun retourna chez lui et Robert Meynard compara ces 51 points avec les programmes des différents partis de droite. Le résultat fut édifiant : le meilleur score fut obtenu par le RN, dont 35% du programme concordait avec les 51 points. 35% seulement ! Les autres partis obtinrent un score inférieur à 20%.
Quel enseignement en tirer ? C’est très simple et tout à fait évident : il existe un écart, il faudrait dire un gouffre, entre ce que pensent les Français de droite et les programmes des partis politiques. C’est la preuve que les partis ne représentent en rien les aspirations de la population. C’est donc du temps perdu de chercher une quelconque « unité des droites ».
La philosophe Simone Weil l’avait déjà mis en évidence au début du XXème siècle : les partis politiques ne représentent qu’eux-mêmes, et pas du tout les aspirations de la population.
Que faire alors ? Avant d’entrer dans le détail de la façon dont pourrait fonctionner la démocratie, ou ce qui peut en être sauvé, arrêtons-nous sur une question importante : peut-on demander à une population entière de trancher sur des sujets de société alors qu’une grande partie d’entre elle n’a pas du tout les compétences nécessaires. Prenons un exemple simple : la question de l’avortement. Si l’on se place d’un point de vue strictement biologique, on constate expérimentalement que la vie est présente dès la conception. Bien peu de personnes ont la culture nécessaire pour le percevoir. Reste alors la question éthique : doit-on donner la priorité à l’enfant à naître, qui ne demande qu’à vivre, ou à sa mère qui, si l’on suit les revendications des féministes, est libre de faire ce qu’elle veut de son corps ?
Les féministes justifient leur position en s’appuyant sur l’argumentaire suivant : soit-disant l’embryon n’est pas encore un être humain mais un amas de cellules. Cela ne tient pas la route, scientifiquement parlant. L’avortement est donc un assassinat.
La question se ramène à la suivante : soit l’on respecte le commandement de Dieu – « tu ne tueras pas » (Ex. 20, 13) – soit on choisit la barbarie en adhérant à la loi du plus fort.
En résumé, nous arrivons à la conclusion que les questions de société ne peuvent être traitées qu’au sein d’un petit nombre de personnes cultivées. C’est pourquoi Charles Maurras avait cette formule :
L’autorité en haut, la démocratie en bas
Alors, cette réserve étant faite, comment peut fonctionner la démocratie ? Comme la France compte de l’ordre de 67 millions d’habitants, et même si, sur certains points, on peut procéder par référendum comme le font les Suisses, il faut passer par un système de représentation. Les partis politiques, qui s’appuient sur des idées, sont la mauvaise solution comme on vient de le voir.
Il vaut mieux s’appuyer sur une réalité matérielle. Ce sont les corps intermédiaires, ce qui a fonctionné efficacement dans l’ancien régime, pendant des siècles. La démocratie peut alors fonctionner pour prendre les décisions relatives au quotidien.