Comment réindustrialiser la France ?

Beaucoup de questions se posent au nouveau gouvernement, dont les deux principales sont la relance économique et la sécurité. Aujourd’hui nous aborderons la première question et, dans un article ultérieur, le problème de la sécurité. Une vraie relance économique nécessite la réindustrialisation de la France…
Claude Sicard, économiste et consultant international, s’est sérieusement penché sur la question. Il commence par faire le constat suivant : « A la fin des Trente-glorieuses le secteur industriel de la France était puissant : il employait 6,5 millions de personnes et représentait 28 % du PIB. Aujourd’hui, les effectifs industriels se sont considérablement réduits : ils ne sont plus que de 2,7 millions de personnes, et le secteur industriel, dans le pays, ne contribue plus que pour 10 % seulement à la formation du PIB ».
Il se livre alors à l’estimation du supplément de PIB qu’on aurait dans deux cas de figure : 1) à partir de la corrélation liant la production industrielle/habitant au PIB/tête, il évalue ce que serait le PIB si la part de l’industrie était de 20% au lieu de 10% ; il trouve un écart de 268 milliards d’euros ; 2) à partir du nombre d’emplois manquants, il trouve un écart de 423 milliards d’euros. Entre ces deux valeurs, il pose comme estimation probable une perte de PIB de 350 milliards d’euros.
Et c’est là qu’il conclut : « cela correspond à un chiffre d’affaires pour le moins double, soit 700 milliards d’euros d’activités nouvelles à trouver. Pour se représenter la dimension du problème, il faut réaliser que cela correspond à plus de 4 fois l’importance de notre secteur automobile, et à 10 fois celle du secteur aéronautique. On n’est donc pas près de voir notre économie se trouver remise d’aplomb : le problème crucial reste de savoir avec quelles nouvelles activités on va pouvoir reconstruire le pays, et combien de temps tout cela va demander. »
Autrement dit, après une évaluation réaliste, il aboutit à une impasse : il paraît invraisemblable d’accroître, dans un délai court, le PIB de 30%. Surtout en imaginant qu’il s’agira d’activités nouvelles.
Dans notre logique d’économie triale, imaginons que la totalité des produits importés soient fabriqués en France. Selon l’INSEE, cela représente sept postes : Agriculture, sylviculture et pêche (14,7 Md€), Industries extractives, énergie, eau, gestion des déchets et dépollution (38,2 Md€), Fabrication de denrées alimentaires, de boissons et de produits à base de tabac (42,2 Md€), Cokéfaction et raffinage (19,6 Md€), Fabrication d’équipements électriques, électroniques, informatique ; fabrication de machines (116,1 Md€), Fabrication de matériels de transport (98,5 Md€) et Fabrication d’autres produits industriels (223,9 Md€). Soit un total de 553,2 Md€ (chiffres de l’année 2017).
Nous approchons l’objectif de 700 Md€ annoncé. Bien sûr, si l’on suit cette hypothèse, il ne sera pas possible de tout fabriquer en France mais, comme nous sommes sur des ordres de grandeur équivalents, c’est une alternative qui paraît réaliste.
Rappelons que l’économie triale suppose la reconnaissance de trois secteurs : un secteur régalien couvrant les activités stratégiques (défense, énergie, transport, communication principalement, soit 20% du PIB), un secteur marchand couvrant les activités exportatrices (20% du PIB) et un secteur protégé (60% du PIB) assurant le plein emploi à l’abri de la concurrence étrangère.
En conclusion, le gouvernement ne dispose pas d’une solution sérieuse lui permettant de réindustrialiser la France. La solution que nous proposons – basée sur la logique d’une économie triale – est réaliste mais nécessite un changement de régime politique pour le mettre en œuvre. En effet, ce n’est pas qu’une solution technique. Il faut un changement des esprits.

Vive le roi !

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