Qu'est-ce qu'un bon régime politique ?

Aristote a bien montré (dans l’Ethique à Nicomaque) que le rôle de l’autorité publique consiste à rendre les citoyens vertueux pour les responsabiliser et les faire participer au mieux au bien commun. Et Saint Thomas d’Aquin de confirmer :
« L’office de celui qui gouverne sera non seulement de conserver intacte la chose en elle-même, mais en plus la conduire à sa fin… Or la fin ultime d’une multitude rassemblée en société est de vivre selon la vertu. En effet les hommes s’assemblent pour mener ensemble une vie bonne, ce à quoi chacun vivant isolément ne pourrait parvenir ».

Ainsi un bon régime politique doit tendre à assurer la paix, donc l’unité du peuple. L’histoire nous montre que les chefs d’Etat de l’époque se sont progressivement convaincus que le moyen le plus efficace pour tendre vers cet objectif (jamais atteignable totalement, du fait de la nature humaine) est la conversion du peuple à la foi chrétienne. Ainsi, en 313, l’empereur Constantin accorde la liberté de culte aux chrétiens par l’édit de Milan. Plus tard, en 380, l’empereur Théodose déclare le christianisme religion d’État puis, en 392, il interdit les cultes païens et hérétiques.
Et pourtant, ce fut bientôt la chute de l’Empire romain d’occident (sa partie orientale survécut jusqu’en 1453, date de la victoire des Ottomans à Constantinople, sa capitale). En effet, l’Empire romain d’occident, bien que chrétien, était entré dans une période de décadence, qui ressemble beaucoup à ce que nous vivons aujourd’hui : désintérêt pour la chose publique (Rome et Constantinople sont des cités parasites dont les habitants sont oisifs, exempts d’impôts et entretenus par l’État), désertion dans la défense de la Cité (les armées romaines sont essentiellement composées de barbares), concubinage généralisé, dénatalité (55 à 60 millions d’âmes au début du IIe siècle, 35 millions au début du IVe siècle).
Plus tard, la conversion de Clovis marqua le début de l’instauration de la royauté, un régime politique qui dura treize siècles et qui permit à la France, non seulement de devenir un Etat protégé par des frontières naturelles, mais aussi de rayonner une riche culture dans le monde entier. Sans oublier que c’est encore la France qui envoya le plus grand nombre de missionnaires dans le monde, dont beaucoup furent assassinés.
Il convient de rappeler encore que cette institution politique a reçu à maintes reprises le soutien de Dieu : le baptême de Clovis, la mission de Sainte Jeanne d’Arc, les apparitions du sacré Cœur à Sainte Marguerite-Marie Alacoque pour transmettre un message à Louis XIV en sont quelques exemples.
Puis il y eut la révolution française, organisée par les francs-maçons avec l’objectif de détruire le christianisme. Au XXième siècle et jusqu’à aujourd’hui, apparaissent temporairement des partis politiques qui se disent chrétiens. Mais ils n’ont jamais duré bien longtemps, ce qui nous permet de faire trois constats…
1)    Il est impossible d’envisager une politique chrétienne durable dans le cadre démocratique, cela n’a jamais existé dans l’histoire. Continuer d’affirmer que c’est pourtant théoriquement possible relève de l’utopie car contraire aux faits.
2)    La démocratie chrétienne possède du point de vue naturel une légitimité très faible car son instabilité ne garantit pas la pérennité du bien commun, elle ne saurait donc constituer un idéal politique.
3)    La mise en place d’une institution politique ne s’improvise pas : nos pères ont chèrement payé par plus de 500 ans de tâtonnements et d’errances l’élaboration de cette magnifique institution qu’est la monarchie capétienne.
Trop de mouvements catholiques – comme la Cité Catholique et maintenant CIVITAS – proposent une formation portant sur des principes de politique chrétienne, mais se refusent toute réflexion sur les institutions à mettre en place pour les appliquer, ceci par peur des divisions.
Pour le libéralisme, la société trouve sa justification dans l’individu lui-même ; pour le socialisme c’est dans la classe prolétarienne ; pour le nationalisme, la nation a en elle-même sa propre finalité.

Mais aucun de ces régimes ne propose un projet de société visant à la paix sociale

La tutelle royale laissait aux communautés villageoises, selon l’expression même de l’historien Pierre Goubert, plus de liberté d’action (et parfois de parole) que les autorités préfectorales du XIXe et surtout du XXe siècle.
Au contraire, la république crée cette situation stupide qui donne au bourg de cinquante habitants les mêmes pouvoirs qu’à la cité de cent mille âmes, ce qui pousse à la multiplication des niveaux de décision. On trouve ainsi des communes, des communautés de communes, des syndicats de communes, des districts, des communautés urbaines, des départements, des régions et quelques autres.
En conclusion, un bon régime politique doit avoir à sa tête un roi, lieutenant de Dieu sur terre, arbitre au-dessus des partis politiques, et s’appuyer sur le principe de subsidiarité à l’encontre de ce que met en œuvre le Traité de Lisbonne.

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