Quelle diplomatie pour la France ?

Selon le dictionnaire Larousse, le mot « diplomatie » peut être compris soit simplement comme « Branche de la science politique qui concerne les relations internationales », soit comme « Politique extérieure d'un pays, d'un gouvernement ». Dans le présent article, c’est cette dernière définition qui nous intéresse. En clair, quelles relations internationales doit établir la France, ce qui implique de répondre à la double question : « qui sont nos amis ? Qui sont nos ennemis ? »
Nous ne pouvons pas répondre à cette question d’une manière atemporelle. Il faut bien tenir compte de la réalité des alliances et des menaces qui pèsent sur le monde d’aujourd’hui. Cette réalité est bien connue : nous avons principalement affaire à deux puissances – les Etats-Unis et la Chine – qui s’affrontent sur les plans économique et politique. Et puis, en ce qui concerne la France, il y a l’OTAN, une alliance transatlantique comme son nom l’indique, qui oblige la France à participer à des guerres qui ne la concernent pas.
Voyons plus précisément le niveau des budgets militaires (chiffres de 2019). Les Etats-Unis ont dépensé 732 Md$, tandis que la Chine en est à 261 Md$. L’Union Européenne atteint le chiffre de 167,4 Md$ (en ajoutant les budgets de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, de l’Espagne, des Pays-Bas et de la Pologne). La Russie a un budget de 65,1 Md$, mais si l’on additionne les budgets de l’UE et celui de la Russie, nous arrivons à 232,5 Md$.
Selon quels critères doit-on orienter les choix en matière d’alliance ? Nous pensons qu’il faut en privilégier deux : la proximité des histoires des peuples concernés et des références religieuses communes. En ce qui concerne le premier point, les peuples européens ont une longue histoire en commun, mais peu à partager avec les Etats-Unis, ne serait-ce que du fait d’une histoire beaucoup plus récente de ce dernier pays.
Quant à la religion, une bonne partie des Etats européens sont soit catholiques, soit orthodoxes (la Russie et la Serbie), ces deux religions ayant une grande proximité dogmatique. Par contre, les Etats-Unis sont majoritairement protestants.
Certes, sur ce deuxième point, une certaine hétérogénéité subsiste, du fait que certains Etats – l’Allemagne et les pays scandinaves – sont de culture protestante. Néanmoins, le facteur géographique tend à leur donner une communauté de destin. C’est pourquoi une Europe de Brest à Vladivostok semble dans la nature des choses, tandis que le Royaume Uni est naturellement, historiquement et culturellement tourné vers les Etats-Unis.
En résumé, du point de vue des forces militaires en présence, nous avons trois blocs : les Etats-Unis et le Royaume Uni (732 + 48,7 = 780,7 Md$), l’Europe y compris la Russie (232,5 Md$) et la Chine (261 Md$). A noter qu’une alliance entre l’Europe et la Chine ne représente militairement que 493,5 Md$, soit un rapport de 3 à 2 (3 pour le premier bloc et 2 pour le second).
La conclusion est simple : l’intérêt de la France et celui des autres Etats européens (hormis le Royaume Uni) est de se rapprocher de la Russie dans une démarche d’alliance militaire. Bien entendu, il serait bon, également, de compléter celle-ci par un rapprochement sur le terrain économique. Le corollaire de cette perspective est, évidemment, la sortie de l’OTAN de tous les Etats concernés, ce qui revient à dissoudre cette structure.
Cela permettrait aux Etats Européens d’établir une zone neutre vis-à-vis des risques de guerre entre les Etats-Unis et la Chine. Au contraire, restant dans l’OTAN, tous ces pays européens se verraient entraînés – comme ils l’ont été jusqu’à présent – dans les guerres provoquées par les Etats-Unis.

 Pour une Europe des nations, de Brest à Vladivostok

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