Quel cycle pour la gouvernance de la France ?

La république impose un cycle court pour le renouvellement de l’équipe dirigeante : quatre ans aux Etats-Unis, sept ans en France au début de la cinquième république, puis on passa du septennat au quinquennat avec la complicité de Chirac. Il y a là un paradoxe apparent : puisqu’on fait confiance au peuple – c’est le principe de la souveraineté du peuple inauguré en France en 1789 – alors on devrait avoir un système de gouvernement qui se renouvelle naturellement sans qu’on ait besoin d’élections.
Ou bien, c’est que l’on considère que le peuple a des opinions volatiles et qu’il faut adapter le gouvernement à ses humeurs changeantes, ce qu’on appelle pompeusement l’évolution des esprits. Malheureusement la république y arrive bien mal puisqu’on considère comme une victoire de la démocratie un président de la république – ou un chancelier en Allemagne – élu avec 51% des voix. Cela signifie qu’on trouve normal de confier la direction d’un pays à une personne qui n’a la confiance que de la moitié de la population. Il y a là quelque chose d’antagonique avec ce beau principe de la souveraineté du peuple : c’est, en fait, la souveraineté de la moitié du peuple !
Voyons de plus près les grandes décisions qu’un gouvernement peut être appelé à prendre. Mettre en place l’aménagement du territoire, qui consiste à spécialiser les régions de manière à ce que, si une entreprise fait faillite, les employés puissent facilement trouver du travail à proximité dans leur qualification, cela prend beaucoup de temps, au moins dix ans si ce n’est quinze. Faire des choix en matière d’armement stratégique, c’est se caler sur le cycle des militaires : dix ans pour concevoir un nouvel armement, dix ans pour le construire et dix ans pour l’expérimenter, ce qui conduit à un nouveau cahier des charges pour les trente ans qui suivent.
Il en va de même pour la politique énergétique : il faut bien dix ans pour construire un parc de centrales nucléaires par exemple et dix ans pour le mettre en œuvre afin, là aussi, d’effectuer le bilan qui conduira à un nouveau cahier des charges. Et c’est aussi le cas pour la politique des transports : faire des choix entre la route, la voie ferrée, l’avion et la voie fluviale nécessite un plan que l’on mettra vingt ans à mettre en place.
En clair, toutes les grandes décisions d’infrastructure nécessitent une vision à vingt ou trente ans. Et il ne s’agit pas de changer d’avis car, comme dit le proverbe, « on ne change pas de cheval au milieu du gué ». C’est tout ce que ne sait pas faire la république, qui ne peut donc raisonner qu’à court terme. Et l’on tombe dans cette aberration que montre l’exemple du projet de réforme des retraites : initié à la fin des années 90, il n’est toujours pas réalisé, soit plus de vingt ans après !
Enfin – « last but not the least » - la diplomatie. Le cycle n’est plus de vingt ou trente ans, mais se compte en décennies voire en siècles. C’est une des forces de la monarchie héréditaire d’avoir un recul sur plusieurs générations. C’est l’histoire de France qui nous rappelle la difficulté des relations avec l’Angleterre, par exemple et ce n’est pas un hasard si De Gaulle qualifiait ce pays du titre de « perfide Albion ».
Sauf accident de parcours, un roi règne plusieurs décennies et peut donc mettre en œuvre des projets de longue durée. De plus, il est responsable devant Dieu, devant son peuple et devant sa famille, puisque ce sont ses héritiers qui devront poursuivre, et adapter, la politique mise en œuvre. Tandis qu’un président de la république, rarement élu plusieurs fois, peut se dire « après moi le déluge ».

Vive le roi Louis XX

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