L'idolâtrie de la croissance

La bataille en cours pour s’opposer à la réforme des retraites voulue par Emmanuel Macron et, plus généralement pour exprimer le sentiment de révolte contre des conditions de vie qui ne cessent de se dégrader, donne à penser qu’une réforme des retraites serait bien acceptée si le gouvernement disposait d’un budget qui lui permette d’assurer à chacun un montant plus élevé de sa retraite et, bien sûr, une nette amélioration du pouvoir d’achat des actifs.
Mais il n’en est pas ainsi et nous savons pourquoi : parce que la France s’est appauvrie depuis qu’elle a perdu sa souveraineté au profit de la Commission qui siège à Bruxelles. Rappelons que notre prix Nobel d’économie, Maurice Allais, a calculé que, sans les contraintes imposées par l’UE, le PIB de la France serait le double de ce qu’il est.

Alors les défenseurs de l’UE clament : « il nous faut plus de croissance… »

C’est une bonne manière de culpabiliser les Français. On leur dit : « si votre pouvoir d’achat est insuffisant, c’est parce que vous ne faites pas assez d’efforts pour augmenter la productivité, et donc la croissance ».
Imaginez un père de famille qui s’achèterait une voiture de luxe tout en restreignant la nourriture de ses enfants, en leur disant qu’il pourra  mieux les nourrir quand son patron voudra bien l’augmenter… Evidemment, c’est un père indigne qui n’accepte pas de partager le revenu de la famille d’une manière équitable.
Il en est de même en économie : c’est très bien la croissance, mais le manque de croissance ou une croissance trop faible ne doit pas être le prétexte à tolérer les injustices sociales que nous vivons : 200 000 SDF, un suicide d’agriculteur tous les deux jours, des policiers qui dépriment, des services d’urgence dans les hôpitaux dont le personnel est à bout de forces, des pompiers et des médecins qui sont agressés, etc.
Le deuxième commandement du Décalogue nous dit : « Tu ne te feras aucune image sculptée, rien qui ressemble à ce qui est dans les cieux » (Ex. 20, 4). En fait, c’est une dénonciation de l’idolâtrie. Qu’est-ce que l’idolâtrie ? C’est un comportement qui consiste à prendre quelque chose pour un absolu. Si nous vénérons la croissance comme un dieu, nous sommes dans l’idolâtrie.
Alors, direz-vous, vous êtes contre la croissance, contre le progrès ! Non, la question n’est pas de rejeter la croissance, mais que son absence ne soit pas le prétexte à ne rien faire face aux injustices sociales. C’est un véritable scandale que, dans un pays riche comme le nôtre, la cinquième puissance économique du monde, on prive de dignité des personnes qu’on laisse sans domicile fixe et on laisse des agriculteurs et des policiers tomber dans le désespoir et se suicider. Et on ose parler de fraternité !
La cause de tout cela se trouve dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 : « Art. 4. La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui (…) ». C’est une conception totalement individualiste de la vie en société, tout le contraire de ce qu’enseigne Jésus-Christ : « Je vous donne un commandement nouveau : vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jean 13, 34). Bien sûr, nous savons que l’homme n’est pas parfait et que c’est difficile à réaliser. Mais c’est tout au moins une direction à prendre, à l’opposé de ce qui nous vient du Siècle des Lumières.
Aujourd’hui l’épargne  privée est de 5200 milliards d’euros, soit plus du double du PIB de la France. Avec un emprunt d’Etat, il y aurait à la fois la possibilité de remettre à zéro notre dette publique – aux deux tiers étrangère - et de relancer notre économie, en priorité l’industrie qui, de 10% doit remonter à 40% du PIB comme c‘était il y a quelques décennies. Mais, pour cela, il faut la confiance, et c’est ce qui manque à tous les gouvernements républicains qui nous exploitent. Seule le retour à la royauté peut ramener la confiance.

Le roi, lieutenant de Dieu sur terre, avait le souci de défendre le peuple contre les oligarchies. Aujourd’hui, il n’y a plus de roi et on a voulu une société sans Dieu. Voilà le résultat.

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