Lettre ouverte aux Gilets jaunes

Nous félicitons le mouvement des Gilets jaunes pour sa clairvoyance politique.
En effet, par leur volonté d’inscrire l’exigence de créer une Assemblée citoyenne, les Gilets jaunes font savoir non seulement au gouvernement mais à toute la France que le temps des partis politiques est révolu et qu’il faut remplacer l’Assemblée Nationale par une « Assemblée citoyenne ». C‘est tout du moins ainsi que nous avons compris cette revendication. Certains ont aussi envisagé la suppression du Sénat…
Il se trouve que cela converge avec notre propre réflexion, issue en partie de la pensée de la philosophe Simone Weil (1909-1943). La militante politique et mystique chrétienne – bien que née dans une famille agnostique – plaide pour « la suppression générale des partis politiques ».
« Comment donner en fait aux hommes qui composent le peuple de France la possibilité d'exprimer parfois un jugement sur les grands problèmes de la vie publique ? interpelle Simone Weil. Comment empêcher, au moment où le peuple est interrogé, qu'il circule à travers lui aucune espèce de passion collective ? Si on ne pense pas à ces deux points, il est inutile de parler de légitimité républicaine. » Pour y remédier, selon la philosophe, il s'agit de supprimer purement et simplement les partis politiques, « organismes publiquement, officiellement constitués de manière à tuer dans les âmes le sens de la vérité et de la justice ». Argumentation ? Les partis servent une propagande – « celui qui n'en ferait pas disparaîtrait du fait que les autres en font » – et « le but avoué de la propagande est de persuader et non pas de communiquer de la lumière », pointe la philosophe. « Supposons qu'un membre d'un parti – député, candidat à la députation ou simplement militant – prenne en public l'engagement que voici : Toutes les fois que j'examinerai n'importe quel problème politique ou social, je m'engage à oublier absolument le fait que je suis membre de tel groupe, et à me préoccuper exclusivement de discerner le bien public et la justice. Ce langage serait très mal accueilli. Les siens et même beaucoup d'autres l'accuseraient de trahison. Les moins hostiles diraient : Pourquoi, alors, a-t-il adhéré à un parti ? ».
Si donc les partis politiques ne représentent pas le peuple, comment celui-ci peut-il être représenté ? C’est ce que nous allons voir maintenant.

Une nouvelle représentation de la population

La doctrine sociale de l’Eglise nous met sur la voie : ce sont les corps intermédiaires qui sont les interfaces naturelles entre l’individu et l’Etat. Voyons comment cette idée peut se traduire au niveau de l’Assemblée Nationale.
Il faut créer dans chaque circonscription quatre collèges électoraux : un collège pour les salariés non cadres, un collège pour les cadres et entrepreneurs, un collège pour les familles et un collège pour les agriculteurs. Chaque collège élit un délégué régional. Mais peut-être faut-il imaginer les collèges électoraux d’une autre manière. Voici, en tout cas, un premier exemple de ce qu’on peut imaginer.
Combien cela constitue-t-il de députés à l’Assemblée Nationale ? Nous avons actuellement 13 régions, auxquelles il faut ajouter les cinq régions ultramarines. Nous arrivons donc à un total de 18 régions administratives.
Actuellement, il y a 577 circonscriptions électorales, soit une moyenne de 32 circonscriptions par région. Donc, selon la logique que nous présentons, il y aurait environ 130 élus par région (32 x 4). Considérons-les comme des grands électeurs qui éliront en leur sein un conseil régional de 30 membres et 30 députés devant siéger à l’Assemblée Nationale, soit un total d’environ 540 députés (30 x 18).

Pour une Assemblée Nationale représentant les forces vives du pays !

Voyons maintenant le cas du Sénat. La structure régionale naturelle est le « pays ». Il s’agit d’une zone homogène du point de vue géographique, culturel, économique et social, correspondant à environ un quart de département. Charles Pasqua en a d’ailleurs fait une loi en 1995, en officialisant cette notion, charge aux administrés de faire une enquête pour en définir les frontières, ce qui fut réalisé dans les dix ans qui suivirent. Il existe dont maintenant une carte officielle de la France découpée en pays. Il faut aussi chasser les partis politiques du Sénat et les remplacer par les représentants des pays.

Pour un Sénat représentant les pays !

Plus...