Les rencontres de Béziers, et après ?

Robert Ménard a le grand mérite d’avoir organisé trois journées de rencontre à Béziers, du 27 au 29 mai dernier. 2000 participants y ont participé, et le fait qu’ils étaient sympathisants ou adhérents de tous les courants politiques de droite est une grande première. Cela ne s’était jamais produit depuis 1945.
Il en est ressorti 51 mesures de gouvernement, votées à une très grande majorité par les participants. Ces mesures sont, pour la plupart, celles qu’attendent les Français pour le redressement de la France. A la suite de cela, les participants ont reçu le « n°1 de notre baromètre patriote ». Pour l’établir, l’équipe de Robert Ménard a pris comme référentiel les 51 mesures et a vérifié si on les retrouve, entièrement ou en partie, dans les programmes des candidats de droite.
Au 6 juin 2016, sur une première liste de six candidats, voici le classement : 1°) Marine Le Pen (FN) 38,2 ; 2°) Jean-Frédéric Poisson (LR) 26,4 % ; 3°) Nicolas Dupont Aignan (DLF) 19,6 % ; 4°) François Fillon (LR) 13,7 % ; 5°) Alain Juppé (LR) 11,7 % ; 6°) Nicolas Sarkozy (LR) 7,8 %.
Il est peu probable que ce premier résultat évolue. Même le programme de Marine Le Pen ne répond qu’à 38% des 51 mesures. Et ce n’est certainement pas la pression morale des 2000 participants, certes élargie à leurs propres réseaux, qui fera évoluer les partis politiques français.
Et pourtant, il y a en France une forte attente d’un changement. Rappelons encore une fois les résultats d’un sondage paru dans Valeurs Actuelles de janvier 2014, et qui est certainement toujours d’actualité :
  • 75% des Français ne font plus confiance à l’Etat, ni à la république.
  • 88% rejettent catégoriquement les partis politiques.
  • 50% ne croient plus à la démocratie et souhaitent avoir à la tête du pays "un homme fort qui n’a pas à se préoccuper du parlement ni des élections".   
En résumé, l’initiative de Robert Ménard présente un point fort et un point faible :
  • le point fort, c’est d’avoir réussi à regrouper toute la droite, ce qui ne s’était pas fait depuis 1945 ;
  • le point faible, c’est que cela reste une démarche électoraliste.
Or les partis politiques ne représentent qu’eux-mêmes, pas la population française. La philosophe Simone Weil en avait déjà fait le constat dans les années 30. Ce qu’il faut, c’est une mobilisation populaire qui ne sera nombreuse que si les gens qui y participent croient vraiment qu’on peut changer quelque chose. Or, ce qu’il faut casser, c’est le pouvoir des partis, lesquels sont, consciemment ou non, à la solde du mondialisme. C’est un changement de pouvoir qu’il faut, sans lequel aucune amélioration du sort des Français n’est possible.

Pour cela, deux conditions doivent être réunies :
  • il faut construire partout des comités de salut public,
  • ceux-ci doivent unir leur action sur un mot d’ordre et un seul : le remplacement des partis politiques, à l’Assemblée Nationale et au Sénat, par les représentants des forces vives du pays.
Le but est de l’imposer par un rapport de force pacifique, dans la rue et non dans les urnes
Comment représenter les forces vives du pays ? Il faut mettre en place des collèges électoraux distincts pour 5 groupes sociaux : les salariés, les entrepreneurs, les agriculteurs, les familles et les enseignants. Une même personne peut voter dans plusieurs collèges électoraux, selon sa situation personnelle. Quel périmètre géographique doivent couvrir ces collèges électoraux ? Le plus logique, c’est de revenir aux « pays » officialisés par la loi Pasqua de 1995. Cela correspond en moyenne à un quart de département. L’avantage est que le « pays » représente une unité homogène du point de vue géographique, économique, social et culturel.
Chaque « pays » élirait donc un député par collège, soit 5 au total. Au niveau d’un département, cela permet d’établir un « gouvernement local » de 20 membres. Ceux-ci élisent l’un d’entre eux qui devient le député de la nouvelle Assemblée Nationale. Il faut aussi prendre en compte les métropoles, avec un système électoral du même type, qui reste à préciser. La nouvelle Assemblée Nationale comprendra ainsi un nombre de députés réduit, ce qui est bien plus efficace pour voter les lois.
Quant au Sénat, celui-ci doit, comme c’est établi depuis longtemps, représenter les collectivités territoriales. Selon notre proposition, il suffit que les cinq élus au niveau de chaque pays élisent l’un d’entre eux pour les représenter au niveau du Sénat, à la place des sénateurs actuels qui, en tant que membres d’un parti politique, ne représentent pas la France, comme nous l’avons vu. Le Sénat sera ainsi constitué d’environ 400 sénateurs.
En avant pour créer partout des comités de salut public
Réformons le parlement pour représenter les forces vives du pays