Démocratie : confusion entre la fin et les moyens

Les résultats des élections en France ne peuvent qu’introduire le doute dans la tête de nombreux Français. Le résultat en est la quasi-destruction des partis traditionnels de droite et de gauche : le parti d’Emmanuel Macron occupe la majeure partie du champ politique et nombreuses sont les voix qui disent qu’il a fait disparaître toute opposition. En pratique, les Républicains et le Parti Socialiste ont compris qu’ils n’avaient aucun projet de société à proposer et sont à court d’idées pour en construire un.
Le nouveau président de la république a beau jeu de dire qu’il a rassemblé toutes les forces vives du pays et qu’il a ainsi démontré dans la pratique que la France vivait depuis des années dans un simulacre de démocratie, puisque la droite et la gauche défendaient la même orientation. Arrêtons, dit-il, l’hypocrisie et rassemblons-nous dans une même organisation politique. Tout cela est parfaitement logique…
Sauf que le parti victorieux a une orientation politique propre, celle de défendre le mondialisme. La seule force politique ayant quelque velléité à être antimondialiste, le Front National, tout au moins du temps de son fondateur, Jean-Marie Le Pen, récolte un nombre ridicule de députés, alors que, lors des présidentielles, elle dépassait les 30% de voix exprimées, soit plus de dix millions d’électeurs.
Nous pouvons en tirer plusieurs enseignements. Le premier est que l’on ne fait qu’assister à la mise en pratique de ce qui se dit depuis des années dans les instances des grandes organisations internationales (ONU, FMI, etc), à savoir que la démocratie est un système de gouvernement dépassé et qu’il faut le remplacer par des dictatures. C’est bien ce qui est en train de se passer en France, puisque nous aboutissons au règne du parti unique.
Le deuxième enseignement de ces élections est que le système électoral comporte une contradiction dans son principe même : comme la majorité de l’électorat n’a pas la culture suffisante pour choisir entre des finalités différentes – ce qui serait le seul débat honnête de société – on lui présente un débat sur les moyens : pour ou contre l’augmentation de la CSG, etc. Or le peuple, pas fou, se rend bien compte que le débat sur les moyens n’a que peu d’intérêt. Dans le cas présent, il a bien compris que, dans la situation difficile où se trouve la France, il faut faire des sacrifices. Donc, à ses yeux, le combat que mènent les Républicains contre l’augmentation de la CSG est sans fondements. Donc autant voter Macron, qui représente la jeunesse et le dynamisme. Conclusion : le système électoral, qui se prétend démocratique, en fait ne l’est pas.
Laissons les beaux parleurs sortir le fameux dicton : « la démocratie est le moins mauvais des systèmes ». C’est adopter la politique de l’autruche. Il faut au contraire appliquer le principe de subsidiarité : faire voter les gens sur des sujets qui sont de leur compétence.
On peut distinguer trois niveaux de compétences : 1) la compétence relative à la justice, aux orientations stratégiques et à la politique extérieure de la France ; 2) la compétence relative aux questions sociétales, celles liées à la famille notamment ; 3) la compétence relative au budget de l’Etat. Nous faisons ici de larges emprunts aux idées exprimées par l’Alliance Royale, la seule organisation royaliste ayant approfondi ces questions.
Le roi est la première institution, principe et clef de voûte de tout l’édifice politique. 1) Chef de l’État, il fixe au Gouvernement les orientations politiques d’intérêt national, notamment dans les domaines de l’enseignement, de la communication, de l’énergie et de la politique de transports; il promulgue les lois et nomme le premier ministre qui lui présente sa politique ; il est fondé à contester toute politique ou toute loi qui irait à l’encontre des intérêts de la France. 2) Chef de la diplomatie, il signe les traités et les alliances, et déclare la guerre si nécessaire ; il est le premier représentant de la France aux yeux du monde et reçoit à ce titre les Ambassadeurs étrangers. 3) Chef des Armées, il décide de l’engagement des forces militaires, seules ou dans le cadre d’alliances, en temps de guerre, dans des opérations de sécurité ou en coopération avec les autorités civiles ; il garantit à chacun la liberté de défendre son pays et protège l’armée contre les empiétements d'ordre politique. 4) Chef de la magistrature, il est l’arbitre des institutions dont il garantit le fonctionnement et l'intégrité ; il nomme le Garde des Sceaux et protège l’indépendance de la justice ; il constitue le recours juridictionnel suprême et intervient de plein droit si la cohésion nationale est menacée par des fractures sociales ou par l’installation de lois et de pratiques dirigées contre les plus faibles.
La compétence relative aux questions sociétales relève du Haut Conseil, une instance à créer. Celui-ci répond à la nécessité de donner au roi une institution qui lui soit propre et lui permette d’assumer sa fonction. C’est l’institution régalienne par excellence. 1) Le Haut Conseil est d’abord une cour de haute justice ; il instruit et juge au nom du roi les affaires relevant de la justice régalienne, en particulier la grâce royale et les recours et, d’une façon générale, tous les cas engageant l’unité, la souveraineté et la pérennité de la France. Le Conseil de la magistrature est placé sous sa tutelle. 2) Le Haut Conseil est également une chancellerie ; il relit les lois et en prépare la promulgation par le roi ; il instruit les questions relevant de l’autorité royale et prépare sa signature. 3) Enfin, le Haut Conseil est un conseil privé dans les orientations régaliennes que le roi pourra donner au Gouvernement dans tous les domaines relevant de sa compétence. Les membres du Haut Conseil sont nommés par le roi. Le Garde des Sceaux en est le président : en cas d’indisponibilité du souverain, il assure la continuité de la fonction régalienne.
Dans la logique de distinction – et non séparation – des pouvoirs temporel et spirituel, les Eglises chrétiennes doivent disposer d’un pouvoir de consultation, et non de décision, sur toute question que le roi juge bon de leur soumettre. Bien entendu, la nomination des évêques doit être du ressort exclusif de ces Eglises, ce qui s’oppose à la pratique actuelle : « En France, même en dehors de l’Alsace-Moselle, en vertu d’un accord diplomatique avec le Saint-Siège, le gouvernement a son mot à dire dans la nomination des évêques, en ce qui touche leur profil politique et non spirituel » (source : http://www.eveques.fr/eglise-catholique).
Reste à traiter le troisième niveau de compétence, celui relatif au vote du budget de l’Etat. Le processus actuel du vote par les deux chambres du Parlement est à maintenir, sous réserve de modifier le mode de représentation du peuple français. La finalité est de mettre en œuvre l’idée émise la première fois par la philosophe Simone Weil, dans les années 30, à savoir que les partis politiques ne représentent pas le peuple français mais ne représentent qu’eux-mêmes ; qu’en conséquence il faut trouver un autre mode de représentation des Français, en s’appuyant sur les forces vives du pays et chasser les partis politiques de l’Assemblée Nationale et du Sénat.
Voici les grandes lignes du projet de réforme du parlement : 1) Assemblée Nationale : 4 collèges électoraux distincts (salariés, entrepreneurs, familles et agriculteurs) qui élisent chacun un député ; 4 députés par département, ce qui représente environ 400 députés à l’Assemblée Nationale ; 2) Sénat : au niveau de chaque « pays » (environ un quart de département) et arrondissement de ville, élection d’un sénateur, soit entre 400  et 500 sénateurs au total. En conséquence, les partis politiques ne seront plus représentés, ni à l’Assemblée Nationale ni au Sénat.
Voici donc la vision royaliste des institutions nécessaires pour diriger un pays. En y regardant de près, en république, on fait croire au peuple qu’il décide de tout, y compris la politique étrangère, alors qu’en fait celle-ci n’est pas soumise au vote. Les députés élus se contentent de poursuivre la politique d’alliances mise en œuvre antérieurement. C’est là une pernicieuse manipulation. Par contre, la proposition royaliste est de ne pas confier au vote des députés toutes les questions relatives à des choix sociétaux, telles que le « mariage pour tous », par exemple. En effet, il est aberrant que les règles morales puissent dépendre des changements de majorité du Parlement.