A propos du souverainisme

Le souverainisme est une belle idée… à condition de savoir de quoi on parle.
Nous pouvons voir derrière ce concept deux visions, l’une interne à la France, l’autre internationale.
La vision interne, qu’il ne faut pas occulter, consiste à choisir entre deux souverainetés : la souveraineté du peuple – grand principe sur lequel s’est fondée la république – et la souveraineté de Dieu, qui est la caractéristique de la royauté.
Choisir la souveraineté du peuple est une pure illusion. Alors que 88% des Français, selon un sondage paru dans Valeurs Actuelles, « rejettent catégoriquement les partis politiques » et que 50% d’entre eux « ne croient plus à la démocratie », qui croit encore à la souveraineté du peuple ?

La république trouve ses fondements dans un principe auquel plus personne ne croit !

La vision internationale de la souveraineté de la France est une question essentielle. Elle implique de bien identifier qui sont nos amis et qui sont nos ennemis. Le conflit en Syrie nous éclaire largement sur ce sujet. Il y a, en effet, deux camps bien identifiés : ceux qui combattent l’islamisme et ceux qui le soutiennent. Parmi les premiers, on trouve Bachar el Assad, le président de la Syrie, et ses alliés : la Russie, l’Iran, le Hezbollah libanais et les Kurdes.
A l’opposé se trouvent ceux qui soutiennent l’islamisme – que ce soit l’Etat Islamique ou les soi-disant modérés tels que Al-Nosra – c’est-à-dire l’Arabie Saoudite, le Qatar, la Turquie, sans oublier Israël qui contribue à la vente du pétrole de l’Etat Islamique, nécessaire pour alimenter ses finances. Et, en arrière plan, nous trouvons le couple UK-USA et, en conséquence, tous les membres de l’OTAN.

Opter pour la souveraineté de la France implique
de considérer les Etats-Unis et ses alliés comme nos ennemis

Une autre façon de considérer la question de la souveraineté de la France est de prendre en compte la doctrine anglaise de MacKinder, déjà ancienne puisqu’elle date du milieu du 19ème siècle, mais toujours d’actualité. Cette doctrine explique que le Royaume Uni doit s’opposer de toutes ses forces à la construction d’une « Europe continentale » - c’est-à-dire un axe Paris-Berlin-Moscou – et encourager au contraire une « Europe maritime », dont le pivot serait l’alliance France-UK-USA.
Et en effet le pire des cauchemars américain, c’est la construction d’un front eurasiatique allant de Lisbonne à Vladivostok. C’est ce qu’explique Zbigniew Brzezinski dans son livre « Le grand échiquier », paru en 1997. Wikipédia explique que « La théorie exposée dans cet ouvrage se base sur l'idée que l'amélioration du monde et sa stabilité dépendent du maintien de l'hégémonie américaine. Toute puissance concurrente est dès lors considérée comme une menace pour la stabilité mondiale ». Selon ses propres mots : « Sans l'Europe, l'Amérique est encore prépondérante mais pas omnipotente, alors que sans l'Amérique, l'Europe est riche mais impuissante ».
C’est pourquoi nous ne partageons pas la vision qu’a le Front National de ce que devrait être la politique étrangère de la France, quand il se prononce pour « L’avènement d’une Europe des Nations, une sortie du commandement intégré de l’OTAN et l’offre faite à la Russie d’une alliance stratégique poussée, fondée sur un partenariat militaire et énergétique approfondi, le refus de la guerre d’ingérence et le soutien au droit international ». Certes le FN se déclare pour « une alliance Paris-Berlin-Moscou », ce que nous approuvons, ainsi que sa proposition « de la formation d’une Union paneuropéenne (des Etats souverains) incluant la Russie et la Suisse ».
Mais le FN ne se prononce pas pour une sortie complète de la France de l’OTAN, ce qui est en contradiction avec son rejet du traité de Lisbonne qui fonde l’Union Européenne.

Non à l’Union Européenne dominée par la triade UK-USA-Israël
Oui à une Union Eurasiatique de Lisbonne à Vladivostok
dans le respect de la souveraineté des Etats