Quelle école pour nos enfants ?
40% des enfants ont de graves difficultés en lecture ou en écriture à la fin du primaire, soit deux enfants sur cinq. Et au lieu de s’occuper de cette question prioritaire, notre ministre de l’Education Nationale, annonce que, dans le collège de 2016, on devra « mieux enseigner les savoirs fondamentaux, former à d'autres compétences et avoir un fonctionnement quotidien assoupli pour s’adapter à la diversité des besoins des élèves ». Au nom de la « priorité centrale donnée à la maîtrise des savoirs fondamentaux », la réforme du collège concerne simultanément les programmes, les pratiques d'enseignement et l’organisation pédagogique.
On bouleverse tous les programmes en même temps, à tel point que les éditeurs ne savent plus où donner de la tête ! En réalité, la réforme est purement idéologique. Le gouvernement n’a qu’un seul objectif – réduire les inégalités sociales – et pour cela aligner tous les élèves au niveau le plus bas. Ainsi, par exemple, les textes étudiés en classe sont de plus en plus vides, ce qui explique l’ennui dont parle notre ministre. Alors que l’école devrait répondre aux besoins d’un bon fonctionnement de la société, le gouvernement veut utiliser l’école pour transformer la société.
C’est mettre la charrue avant les bœufs !
C’est le moment de nous interroger sur les principes sur lesquels un gouvernement responsable devrait s’appuyer pour construire l’école. Il y en a cinq.
Premier principe : alors qu’on ne parle que de moyens, il faut commencer par définir la finalité recherchée. Selon nous, ainsi que le propose Anne Coffinier, présidente de la Fondation pour l’école, elle devrait être « former des hommes libres, qui aiment et qui servent la vérité ».
Deuxième principe : l’école doit prendre en compte les aptitudes et les aspirations des enfants. Cela implique une école diversifiée et non un monopole étatique. Dans le système scolaire actuel, d’une part, l’enseignement professionnel est sacrifié et, d’autre part, les parents compensent les lacunes de l’enseignement en s’impliquant davantage, ce qui aboutit à l’opposé de ce que recherche le gouvernement : des professions qui se reproduisent de père en fils ou de mère en fille.
Troisième principe : l’Etat doit reprendre sa juste place, non pas de prestataire de l’enseignement mais de garant de celui-ci, selon des règles définies en fonction du bien commun.
Quatrième principe : l’école doit être administrée selon le principe de subsidiarité. Chaque école doit être indépendante et définir librement son fonctionnement et sa pédagogie. L’Etat ne doit intervenir qu’en cas de dysfonctionnement.
Cinquième principe : Alors que les professeurs sont engagés sur le plan des méthodes mais non sur celui des résultats, il faut inverser le système actuel et exiger des enseignants un engagement de résultat. Ceci signifie que les résultats obtenus dans chaque classe et dans chaque discipline doivent être publiés, ce qui est la seule façon d’en corriger les défauts et par conséquent d’entrer dans une boucle d’amélioration permanente.
Nos propositions
Les parents doivent recevoir de l’Etat un « chèque scolaire » qui leur permette d’inscrire leurs enfants dans l’école de leur choix. Ils pourront choisir entre deux types d’école : des écoles entièrement privées, comme celles qui existent aujourd’hui et des écoles que l’on pourrait appeler « académiques »,dont nous détaillons le fonctionnement ci-après.
Ces écoles académiques disposent d’un conseil d’administration dont les membres sont élus par l’assemblée générale des parents d’élèves, selon le fonctionnement habituel des associations / loi 1901. Ce conseil d’administration nomme le directeur de l’établissement. Celui-ci est maître du recrutement, qu’il effectue en faisant appel soit aux professeurs certifiés de l’Education Nationale, soit à des enseignants indépendants. Un système de compensation doit être inventé pour que la répartition et le montant des chèques scolaires établisse un équilibre entre les écoles académiques et les écoles privées. En cas de dysfonctionnement ou de mauvais résultats, l’Etat impose la dissolution du conseil d’administration et une nouvelle élection, comme cela se pratique au niveau des communes.