Des malentendus parasitent le débat sur l'Europe
Un des thèmes centraux des élections présidentielles est l’Europe, un raccourci pour parler de l’Union Européenne. Déjà, lors du premier tour, plusieurs candidats s’étaient prononcés pour une sortie de l’euro et de l’Union Européenne. Le bon côté du deuxième tour est que les deux candidats sont sur des positions antagoniques sur cette question, ce qui est beaucoup plus sain que la fausse opposition entre la droite et la gauche, au profit du véritable clivage, celui entre les opposants au mondialisme et ses défenseurs.
Commençons par un constat : la croissance moyenne des différentes économies de l’Union Européenne a été divisée par deux avec l’introduction de l’euro. De plus, le seul pays qui profite de celle-ci est l’Allemagne, alors que la France – pour ne parler que d’elle – connaît une décroissance régulière de la part de l’industrie dans le PIB, aujourd’hui de l’ordre de 10%, alors que c’est avant tout l’industrie qui crée des emplois.
Une contradiction fondamentale insurmontable
La logique de la mise en place d’une monnaie unique, c’est d’aller vers une Europe fédérale. En effet, qui dit monnaie unique dit politique monétaire unique. La BCE est la seule institution qui pourrait, en théorie, conduire une telle politique, mais son mandat ne concerne que la lutte contre l’inflation. Pierre de Lauzin, dans son livre « Euro, vers la fin de la monnaie unique ? » nous rappelle à juste titre que « une monnaie est liée à une communauté humaine, et en général une communauté politique ». Or il n’existe pas de communauté européenne, il n’y a que des peuples différents ayant chacun son histoire, sa langue, sa culture.
Cependant l’objectif de construire cette Europe fédérale, qui est l’aboutissement logique de la monnaie unique, est un rêve impossible, car l’Allemagne n’en veut pas et n’en voudra jamais. La raison est simple, c’est qu’une Europe fédérale aurait à répartir les richesses entre les zones riches et les zones pauvres, ce que refuse catégoriquement l’Allemagne.
L’idéologie qui sous-tend l’euro, c’est le mondialisme
Pourquoi avoir créé l’euro ? Pour des raisons purement idéologiques : l’hyper classe mondialiste y a vu une étape vers un gouvernement européen d’abord, un gouvernement mondial ensuite. La conséquence est l’enrichissement de l’Allemagne et l’appauvrissement concomittant de tous les autres pays européens.
Pourtant l’euro ne manque pas de personnes qui le soutiennent. Principalement pour deux raisons : les uns – certains chefs d’entreprise notamment – trouvent un intérêt dans l’ouverture des frontières car une grande partie de leurs activités se joue à l’exportation ; d’autres soutiennent l’Union Européenne parce qu’on leur a dit que c’est la seule façon d’éviter les guerres ; ceux-là oublient que la création des instances européennes (CECA, Marché commun puis UE) s’est faite en temps de paix et non sous la menace d’une guerre. Il y a aussi ceux qui soutiennent l’Union Européenne parce qu’on leur a expliqué que c’est la seule manière de faire contrepoids aux grandes puissances telles que les Etats-Unis, la Russsie et la Chine.
Commençons par ce dernier point. Personne ne parle d’abandonner cette idée d’une Europe puissante. Mais cela peut aussi se faire sous la forme d’une « Europe des Nations », de préférence en y intégrant la Russie. C’est d’ailleurs beaucoup plus conforme au principe de subsidiarité et n’empêche nullement les entreprises françaises qui le souhaitent à se développer à l’exportation.
L’autre question, plus délicate, est celle d’un certain protectionnisme. Rappelons cependant que cela fait dix ans que la balance commerciale française est déficitaire. En 2016, nous en étions à près de 45 milliards d’euros de déficit. Il est urgent d’arrêter cette hémorragie !
Techniquement, la sortie de l’euro implique la mise en place simultanée du contrôle des changes si l’on veut éviter la fuite des capitaux et la spéculation. Cela ne peut se faire que par une décision mise en œuvre dans des temps très courts. La république est incapable d’assumer un tel changement. C’est d’ailleurs pourquoi le Front National propose de transformer la monnaie unique en monnaie commune, chaque membre de l’UE revenant à une monnaie nationale. C’est un leurre et un grand danger. C’est un leurre, parce que, comme l’explique Henri Fouquereau, du Forum pour la France :
« Les monnaies “nationales” ne pourraient servir qu’à l’intérieur de la zone euro. Pour le reste, utilisation obligatoire de la monnaie commune. Où se situe alors la différence? Le Franc ne redeviendrait ni unité de compte, ni instrument de transaction, ni réserve, ni unité de valeur. La banque centrale européenne lui dicterait sa loi. Nous aurions donc à financer en plus des transactions intérieures (chambre de compensation) les taux de change multipliés par le nombre de monnaies. La monnaie souveraine serait toujours l’euro, dirigé par une banque centrale européenne. Le seul avantage, la couleur du papier ».
C’est aussi un danger, car, nous dit Henri Fouquereau : « Une monnaie commune ferait que le Franc serait dévalué par rapport aux monnaies fortes (peut-être 20%) et que l’endettement serait remboursable au prix de la monnaie commune, opération qui nous ferait ajouter environ 1000 milliards d’euros à notre endettement ».
En conclusion, si un gouvernement décidait un retour brutal au Franc, avec la mise en place d’un contrôle des changes, il en résulterait une récession temporaire que le peuple ne comprendrait pas. Le retour au Franc ne peut donc se faire qu’à l’occasion d’une crise politique.
Cette crise va se produire un jour prochain. Mais, dans ce cas, il ne faut pas espérer qu’émerge un politicien suffisamment courageux pour gérer la transition. Seul un roi peut le faire, dans la mesure où les Français auront compris que c’est la seule voie possible pour construire une France prospère.