Les deux facettes du libéralisme

En cette année de calme électoral – mais les élections européennes ne sont pas loin – il est intéressant de revenir sur ces idées, malheureusement enracinées dans la tête de beaucoup de nos compatriotes, à savoir les soi-disant bienfaits de la monnaie unique et de l’ouverture des frontières. Bien des naïfs en effet y voient la consécration d’une Europe regroupant des peuples amis vivant en harmonie, loin des guerres d’antan. En fait, ces idées procèdent d’une même idéologie, le libéralisme.
Cette idéologie extrêmement perverse a deux facettes : l’une, économique, consiste à ouvrir le plus large marché possible et l’autre, politique, a pour objet non déclaré de faire disparaître progressivement les Etats. Chez nous, le marché unique s’est instauré en plusieurs étapes, mais la plus significative, celle qui priva les Etats de leur autonomie en matière monétaire, date seulement d’une quinzaine d’années. Aussi est-il intéressant de nous pencher sur l’exemple américain, celui de l’ALENA, qui remonte, lui, à 1992, donc environ une dizaine d’années de plus.
L’ALENA est un traité commercial qui fut signé entre les Etats-Unis, le Mexique et le Canada. Les habitants de ces trois pays ont eu droit au même discours que celui que nous entendons régulièrement : « vous allez voir, l’ouverture des frontières va tonifier la croissance et réduire le chômage ». Dans l’Union Européenne, nous savons déjà que cela ne s’est pas passé ainsi, la croissance étant largement inférieure à la moyenne mondiale ; quant au chômage, nous ne le voyons pas diminuer, bien au contraire. Voyons donc ce qui s’est passé aux Etats-Unis…
Sur le plan économique, tout d’abord. Dans l’année qui précédait l’entrée en vigueur de l’ALENA (détail dans le journal RIVAROL du 11/04/2018), la balance commerciale entre les Etats-Unis et le Mexique affichait un solde positif de 2 milliards de dollards au bénéfice des premiers. Depuis la signature du traité, le solde s’est inversé : un déficit de 25 Md$ en 2000, 50 Md$ en 2005 et 65 Md$ en 2016. La raison est simple : les grands constructeurs automobiles (Ford, General Motors, Chrysler) se sont empressés de déménager leurs usines au Mexique, en faisant un calcul simple : mieux vaut payer un employé 20 dollars par jour au sud de Rio Grande plutôt que 20 dollars par heure au nord. Le bilan social fut catastrophique : un million d’emplois perdus.
Mais il faut regarder aussi l’autre facette de cette politique libérale : c’est la perte progressive d’identité des Etats, qui s’accompagne d’un déplacement des centres de décision. Nous le voyons dans le fonctionnement même de l’Union Européenne : la plupart des décisions politiques sont à Bruxelles, au détriment de l’harmonie sociale des Etats. Revenons à l’exemple des Etats-Unis, qui est un bon cas d’école. La baisse du coût de la main d’œuvre a permis aux multinationales d’augmenter considérablement leurs profits. C’est là, avec la participation du réseau des grandes banques, que se situe le nouveau pouvoir de décision. Avec un seul objectif : démanteler toutes les structures de protection sociale mise en place au fil des décennies.
Il est malheureux que nombre de catholiques soient aveuglés par les discours en faveur du libre échange, alors que c’est l’outil dont se sert l’hyper-classe mondialiste pour les ruiner. La cause profonde se trouve dans le « Ralliement », cette mauvaise décision du pape Léon XIII à la fin du XIXème siècle, qui appelait les catholiques à se rallier à la république. Son raisonnement était le suivant : puisque 98% des Français sont monarchistes, alors ils seront au pouvoir au sein de la république et il leur sera ensuite facile de la faire tomber.
C’est le contraire qui s’est passé : les républicains ont chassé les catholiques des places qu’ils détenaient, au sein de l’école et des hôpitaux notamment, et ont progressivement remplacé les évêques favorables à la monarchie par des évêques adhérant à la « déesse république ». Il faut donc que les catholiques se ressaisissent et rompent avec l’idéologie libérale que l’hyper-classe mondialiste, avec la complicité de nombreux évêques, inculque aux paroissiens.
Une première étape serait qu’ils s’approprient la doctrine sociale de l’Eglise, que beaucoup ignorent, ce qui leur permettra de comprendre que les principes dont elle est porteuse – le principe de subsidiarité notamment – condamnent sans compromis possible le traité de Lisbonne.

Vive le roi Louis XX

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