La vacance de pouvoir est-elle proche ?

Le mouvement informel « Nuit debout » occupe la place de la République, à Paris, depuis trente jours. Vendredi dernier, on apprend que « les autorités ont mis plusieurs heures à déloger des centaines de personnes qui refusaient de quitter la place de la République à l'issue du rassemblement ». (Figaro du 30/04/2016)
Au début, des étudiants et des chômeurs, plutôt de gauche, décident de se réunir place de la République, pour veiller. En effet, cela ne pouvait pas être des personnes en activité, qui doivent faire des bonnes nuits pour être en forme pour travailler le lendemain. S’y joignent des marginaux de la politique, trotskystes, anarchistes, peut-être même des islamistes.
Hier eurent lieu des manifestations à Paris et dans diverses villes de province (Rennes, Rouen, Lyon, Toulouse, Le Havre, Nantes notamment) : 500 000, dont 60 000 sur Paris, selon la CGT. Les « queues de manif » donnent lieu à des exactions (vitrines cassées, voitures brûlées, etc) et 24 policiers sont blessés, dont certains gravement.
Face à cela, que se passe-t-il du côté du gouvernement ? Celui-ci ne cesse de reculer sur la loi El Khomri. Nous sommes donc dans une situation voisine d’une vacance de pouvoir, comme la république en a connu plusieurs dans son histoire, en 1940 et en 1958 notamment. La dernière en date s’est soldée par un coup d’Etat pacifique organisé par le Général De Gaulle.
Nous n’en sommes pas là. Cependant la question est simple : est-ce le début d’un changement politique ? Assurément non, car aucune personnalité ou mouvement n’en émerge. Une conclusion s’impose : il y a une aspiration au changement, mais aucune organisation politique n’a une alternative crédible à proposer
Rappelons à nouveau le sondage publié par Valeurs actuelles en janvier 2014 :

  • 75%    des Français ne font plus confiance à l’Etat, ni à la république.
  • 88%    rejettent catégoriquement les partis politiques.
  • 61%   sont prêts à manifester, alors qu’ils n’étaient que 30% en 2010
  • 71%   ne font pas confiance aux syndicats.
 Et, de plus :
  • 50%    ne croient plus à la démocratie et souhaitent avoir à la tête du pays « un homme fort qui n’a pas à se préoccuper du parlement ni des élections ». Traduction en clair : un roi ou un dictateur, ou du moins un pouvoir personnel fort.
  • 12%    souhaitent même que l’armée dirige le pays !!Comme en 1958, il y a un divorce complet entre ce que ressent le peuple et les mesures décidées par le gouvernement.

Organisons partout des « comités de salut public » dans lesquels nous discuterons de la manière de réformer nos institutions, en particulier en remplaçant, à l’Assemblée Nationale, les partis politiques, qui ne représentent qu’eux-mêmes, par des représentants des forces vives du pays, salariés, entrepreneurs, enseignants, agriculteurs, familles, etc.